Métro, boulot... Bobo !
J'adore aller sur Paris. Par contre, ce
que j'aime beaucoup moins, c'est prendre le métro. Je ne sais
pas pour vous mais pour moi, ce n'est vraiment pas une partie de
plaisir. Déjà parce que j'ai tendance à être
un peu claustrophobe. C'est vrai quoi, je ne suis pas Jules Verne, et
me retrouver, comme ça sous terre, ça m'angoisse. Et
puis, on ne peut pas dire que ça sente la rose des champs...
(ou alors sans la rose). Quand j'allais à la fac (et oui, je
suis cultivé), je prenais quotidiennement le métro. Un
jour, alors que je devais me rendre à une interro d'anglais,
j'ai vécu plusieurs grands moments de solitude dans le métro.
Je vous raconte ?
Par un beau matin d'avril, alors que
dehors, le soleil commençait à réchauffer de ses
premiers rayons la nature encore endormie et que les petits oiseaux
chantaient le prélude de Bach à ma fenêtre, je me
lève pour me rendre à la fac. Aujourd'hui, c'est
interro d'anglais (so happy). Je passe par la case toilettes pour
faire mon petit pipounet du matin, monte sous ma douche pour purifier
mon corps des attaques bactériennes de la veille et prend mon
petit déjeuner devant « Morning
liiiiiiiiiiiiiiiive, l'émission qui réveille tes
voisiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiins ! ».
Une bonne heure plus tard, alors que
mes yeux comprennent que c'est fini pour aujourd'hui et que je n'irai
pas me recoucher de sitôt, je prends mes affaires, monte dans
ma voiture et pars en direction de la gare. Aucun incident n'est a
déplorer pendant le trajet en train, si ce n'est que j'ai du
mal à tenir mes yeux ouverts et que je manque à trois
reprises de m'étaler comme une grosse choucroute alsacienne
dans l'allée centrale du wagon.
Arrivé en gare de l'est, il me
faut prendre mon ami le métro. Adieu soleil, air pur et
fraicheur de vivre Hollywood chewing-gum... Bonjour chaleur
étouffante, soupe à la grimace et odeur de fénec qui
vient de se taper huit tours à cloche-patte de stade de
france. A peine descendu les 50 marches qui me séparent du
quai (car l'escalator est toujours en panne) qu'une joyeuse odeur de
pisse qui semble dater du Moyen-Age, vient titiller mes pauvres
petites narines qui n'avaient pourtant rien réclamées.
Un vrai bonheur...
A peine le métro a-t-il le temps
de s'arrêter devant moi, que les portes s'ouvrent déjà,
laissant s'échapper une marée humaire qui me bouscule
sans même se rendre compte que j'étais là.
J'arrive à me glisser juste avant que les portes ne se
referment (copyright : Calogero) et me retrouve écrasé
le long de la vitre, pris en sandwich entre deux spécimens de
propreté. A ma droite, un vieux monsieur qui sent par le bas,
le caca honteusement laissé à l'abandon pendant plus de
deux mois dans un vieux slip troué et par le haut, une
haleine de vieil ivrogne édenté par des années
de beuverie à la taverne des Thénardier. A ma gauche,
une femme qui semble avoir oublié ce qu'était une
savonnette et qui diffuse dans tout le compartiment une joyeuse odeur
de transpiration excessivement relevée. Heureusement pour
moi, trois stations plus loin, les deux saveurs de l'année
sortent enfin. Je prends un peu mes aises quand soudain, je reçois
comme un énorme coup de massue sur ma pauvre tête. Je
pousse un aïeeeeeeeeeeeeeeeeeeee à faire trembler un lion
en rut tellement ça me fait mal. Une dame qui voulait aérer
le wagon (je ne pouvais pas lui en vouloir) venait d'ouvrir
violemment la fenêtre en la faisant basculer sur ma tronche.
J'avais déjà du mal à me réveiller, me
voilà maintenant complètement assommé. Je
l'excuse et trouve une place pour m'asseoir. J'aurais peut-être
dû rester debout.
En posant mon fessier sur le
strapentin, je sens qu'il se plie un peu plus que d'habitude, mais je
n'en tiens pas spécialement compte vu le mal de tête qui
semble vouloir me tenir compagnie. Plus le temps défile et
plus mon fauteuil s'enfonce jusqu'à ce que cinq stations plus
tard, il me lâche complètement me laissant tomber le
fion le premier sur le sol comme un gros sac de déjections de
poules fermières. Je me relève tant bien que mal, en
sifflotant et en évitant les regards des gens qui se moquent
de moi. Il ne me reste plus que sept stations pour arriver à
Jussieu, je dois pouvoir tenir le coup.
Je décide de rester debout et m'accroche solidement, avec la main droite, à la barre de fer, car il me semble que le chauffeur se prend un peu trop pour Alain Prost et que le wagon bouge plus qu'à l'habitude... Six stations, cinq, quatre, trois, deux, un... Je sors à la prochaine... Alors que je commence à voir les premières lumières du quai, le chauffeur pile un grand coup si bien que je me retrouve à faire le tour complet de la barre sur un pied avec l'agilité et la grâce d'une danseuse du crazy horse en cure de raclette savoyarde. Ce coup-ci, aucun mal, mais une belle honte... Malgré toutes ces épreuves, je suis arrivé en entier à la fac et j'ai réussi mon interro d'anglais. Je vous avais bien dit, que je n'aimais pas le métro. Je tiens à rassurer les âmes sensibles, même si il m'arrive encore quelques petites bricoles parfois dans le métro, je n'ai jamais revécu une expérience aussi complète et heureusement... :)